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A propos des nombres de Conway :
Lettre à un ami

Labib Haddad 120 rue de Charonne, 75011 Paris, France labib.haddad@wanadoo.fr

À la m moire de John Horton Conway, 1937-2020

Cher Ami,

Tu m’ cris ceci.

C’est la premi re fois que j’entends parler des nombres de Conway. Pourrais-tu m’expliquer de quoi il s’agit, s’il te pla t ? J’ai lu deux ou trois textes   ce sujet mais je n’y ai pas compris grand chose. Je crains d’avoir perdu un peu le contact avec les math matiques de notre temps!

Rassure-toi, il n’en est rien !

Sache qu’il existe plusieurs mani res diff rentes, mais  quivalentes, pour introduire les nombres de Conway. Elles sont plus ou moins claires, plus ou moins adroites. Certaines peuvent  tre un peu absconses et (par coquetterie) deviennent lapidaires, aux d pends de la clart . Pour ma part, je pense que la redondance est n cessaire   la compr hension. La r p tition est un bon outil p dagogique. La concision est un luxe que l’on peut se payer seulement lorsque l’on a d j  compris …

{\looparrowright  Il y a deux r cits de la cr ation dans la Gen se et quatre  vangiles dans la Bible !}

La mani re de Conway lui-m me m’a sembl  assez difficile   suivre. Elle se veut concise et ramass e ! Cela n’en facilite pas la compr hension. Cependant, certains la vante jusqu’au dithyrambe !

Une digression avant d’en venir   l’essentiel.

Henri Cartan, tu t’en souviens, nous apprenait, directement ou par l’exemple, ceci. Lorsque l’on a d montr  un  nonc  donn  et v rifi  son exactitude, il reste deux choses   faire. Se demander si l’on n’a pas, en fait, d montr  davantage que l’ nonc  lui-m me (ce qui arrive parfois) puis voir si l’on ne peut pas simplifier cette d monstration et, ce faisant, l’ tendre, plus avant. Quant   Gustave Choquet, il nous expliquait qu’en mati re de g n ralistion, il faut savoir garder la bonne distance, la bonne mesure, ni trop, ni trop peu ! Partant d’un cas pr cis, si l’on g n ralise trop, on se perd dans des banalit s, si pas assez, on perd du recul !

Je vais essayer de te faire une pr sentation des nombres de Conway,   ma mani re, qui (  mon avis) satisfait les exigences de rigueur et de simplicit .

1  Un prologue

Rappel

Pour  viter les paradoxes de la th orie naissante des ensembles  rig e par Cantor, on a us  de diverses axiomatisations. Tu connais celle de Zermelo et Fraenkel. Il en est une, d crite en appendice dans le livre de Topologie g n rale de Kelley o  il pr cise que c’est une variante des syst mes de Skolem et de A.P. Morse. Au c t  des ensembles proprement dit, il y a les classes que l’on d signe ainsi sous forme de classificateurs, {x:φ(x)}\{x:\varphi(x)\}, ce qui se lit comme suit : la classe des objets xx qui v rifient la condition φ(x)\varphi(x). Un ensemble est une classe, mais il y a des classes qui ne sont pas des ensembles ! Je ne vais pas m’ tendre davantage l -dessus, tu as saisis, j’en suis s r.

Chez Bourbaki, un ensemble est d fini par une relation collectivisante. Si la relation n’est pas collectivisante elle d finit une classe qui n’est pas un ensemble. Dans la th orie des ensembles,   la Bourbaki, les nombres ordinaux, 0,1,2,,ω,ω+1,,ω2,ω2+1,,0,1,2,\dots,\omega,\omega+1,\dots,\omega 2,\omega 2+1,\dots, ayant  t  d fini, on montre qu’ils ne forment pas un ensemble car cela introduirait une contradiction : on parle ainsi de la classe des nombres ordinaux et pas de leur ensemble. Bien entendu, les ordinaux inf rieurs   un ordinal donn  α\alpha si grand soit-il forment bien un ensemble; l’ensemble [0,α[[0,\alpha[ est un segment initial de la classe des ordinaux !

Il en va de m me des nombres de Conway : il s’agit d’une classe, et pas d’un ensemble, une classe munie d’une structure de corps ordonn , le plus grand possible, en un certain sens ! On d finit ces nombres par r currence. A chaque  tape de la r currence, on a bien un ensemble de nombres de Conway, mais ils ne forment qu’un segment de la totalit  !

Dans ma pr sentation, en place de l’expression «nombres de Conway», je dirai plus simplement, et bri vement, les nombres. Je parlerai ainsi des nombres puis de leurs noms.

On aura besoin des pr liminaires suivants.

Coupures

Les coupures de Dedekind sont un outil bien connu qui sert   construire le corps \mathbb{R} des nombres r els   partir du corps \mathbb{Q} des nombres rationnels. On les trouvent dans la plupart des manuels d’analyse.

En voici une g n ralisation au cas des ensembles totalement ordonn s quelconques.

Soit EE un ensemble muni d’une relation \leqslant d’ordre total. Cela veut dire que \leqslant est une relation binaire sur l’ensemble EE : une relation qui est r flexive, transitive, antisym trique et totale. Autrement dit, quels que soient les  l ments x,y,z,x,y,z, de EE, on a les propri t s suivantes :

xxx\leqslant x

xyetyzxzx\leqslant y\ \text{et}\ y\leqslant z\implies x\leqslant z

xyetyxx=yx\leqslant y\ \text{et}\ y\leqslant x\implies x=y

on a toujours xyouyxx\leqslant y\ \text{ou}\ y\leqslant x, l’un ou l’autre ou les deux   la fois.

[Il s’agit du ou inclusif pas du ou exclusif.]

On  crit x<yx<y lorsque l’on a (xyetxyx\leqslant y\ \text{et}\ x\neq y). On dit que << est l’ordre strict associ    l’ordre \leqslant.

Bien entendu, yxy\geqslant x est synonyme de xyx\leqslant y. De m me, y>xy>x est synonyme de x<yx<y.

On appelle coupure dans EE, tout couple (A|B)(A|B)AA et BB sont des parties de l’ensemble EE telles que, pour tous aAa\in A et bBb\in B, on ait aba\leqslant b et telles que l’on ait

AB=,AB=E.A\cap B=\emptyset\ ,\ A\cup B=E.

Ordre total sur l’ensemble des coupures

L’ensemble 𝒞()\cal C(E) des coupures dans EE est muni, d’une mani re naturelle, d’une relation d’ordre totale comme suit. Etant donn es (A|B)(A|B) et (C|D)(C|D), deux coupures dans EE, on  crit (A|B)(C|D)(A|B)\leqslant(C|D) lorsque l’on a ACA\subset C. On v rifie [il faut le faire soi-m me] que c’est bien une relation d’ordre totale sur l’ensemble 𝒞()\cal C(E).

Amalgame

Soit alors 𝒜=𝒞()\cal A=E\cup\cal C(E), la r union de l’ensemble totalement ordonn  EE et de l’ensemble totalement ordonn  𝒞()\cal C(E) des coupures dans EE. Soient xEx\in E et c=(A|B)𝒞()c=(A|B)\in\cal C(E); il n’y a que deux possiblit s pour xx : ou bien xx appartient   la partie AA, ou bien xx appartient   la partie BB car (A|B)(A|B) est une coupure. Si xAx\in A, on  crit xcx\leqslant c et si xBx\in B, on  crit cxc\leqslant x.

On a ainsi trois relation binaires d sign es par \leqslant : l’une sur EE, une autre sur 𝒞()\cal C(E) et une troisi me entre les  l ments de l’un et l’autre ensemble. En les combinant toutes les trois, on obtient une relation d’ordre totale sur l’ensemble 𝒜=𝒞()\cal A=E\cup\cal C(E) comme on peut le v rifier simplement, pas   pas. [Il faut le faire soi-m me !] Pour ainsi dire, on a un amalgame des deux ensembles totalement ordonn s, EE et 𝒞()\cal C(E). Pour l’ordre strict associ , on a (A|B)<(C|D)(A|B)<(C|D) si et seulement si l’on a ACetCAA\subset C\ \text{et}\ C\smallsetminus A\neq\emptyset.

{\looparrowright  On verra, plus loin, comment la construction de la classe des nombres de Conway est une simple r p tition de ce proc d  d’amalgamation! Tu remarqueras que j’utilise un vocabulaire qui n’est pas toujours celui des usages courants. Ne t’inqui te pas, cela restera entre nous}

Abr viations

Soient XX et YY deux parties quelconques d’un ensemble totalement ordonn  et soit zz un des  l ments de cet ensemble. Lorsque l’on a x<zx<z pour chaque xXx\in X, on  crit X<zX<z, pour abr ger. De m me, z<Yz<Y est une abr viation de (z<yz<y pour chaque yYy\in Y). On  crit X<YX<Y pour dire que, pour tout xXx\in X et tout yYy\in Y, on a x<yx<y. De m me, on  crira XYX\leqslant Y lorsque l’on a xyx\leqslant y, pour tout xXx\in X et tout yYy\in Y.

En particulier, lorsque z=(X|Y)z=(X|Y) est une coupure dans EE, il est clair que l’a on X<z<YX<z<Y, dans l’amalgame 𝒜=𝒞()\cal A=E\cup\cal C(E).

Corps ordonn s

Par d finition, un corps ordonn  est un corps commutatif KK muni d’une relation d’ordre total, \leqslant, compatible avec la structure de corps. Ce qui veut dire que, pour tous  l ments x,y,z,x,y,z, de KK, on a :

xyx+zy+zx\leqslant y\implies x+z\leqslant y+z
x0ety0xy0.x\geqslant 0\ \text{et}\ y\geqslant 0\implies xy\geqslant 0.

Parmi les corps ordonn s, on en distingue certains que Bourbaki nomme les corps ordonn s maximaux et que l’on appelle aussi, couramment, les corps r ellement clos. L’exemple type de corps ordonn  maximal est le corps \mathbb{R} des nombres r els. La th orie bien connue des corps ordonn s maximaux dit, en particulier, que tout corps ordonn  se plonge (se prolonge) en un corps ordonn  maximal. C’est ainsi que le corps ordonn  des nombres rationnels \mathbb{Q} est plong  dans le sous-corps r ellement clos de \mathbb{R} form  des nombres alg briques r els.

Notations, conventions, extensions

Intervalles

On distingue, en particulier, deux types d’intervalles : l’intervalle ferm  [x,y][x,y] et l’intervalle ouvert ]x,y[]x,y[. Par d finition, l’intervalle ouvert ]x,y[]x,y[ est l’ensemble des  l ments zz tels que x<z<yx<z<y. L’intervalle ferm  [x,y][x,y] est l’ensemble des  l ments zz tels que xzyx\leqslant z\leqslant y. Le premier est contenu dans le second. Ils peuvent  tre vides ! et, par exemple, l’intervalle [x,y][x,y] l’est si et seulement si l’on a y<xy<x.

Ces d finitions et notations s’ tendent aux classes totalement ordonn es. Pour deux ensembles de nombres XX et YY, on d signe par ]X,Y[]X,Y[, resp., [X,Y][X,Y], l’ensemble des nombres zz tels que X<z<YX<z<Y, resp. XzYX\leqslant z\leqslant Y. De m me pour deux classes de nombres, 𝖷\mathsf{X} et 𝖸\mathsf{Y}.

Que peut-il se passer entre deux nombres, deux ensembles de nombres ou deux classes de nombres ? On r pondra   ces questions dans la suite du texte !

J’utilise les notations classiques pour les ensembles classiques. En particulier :

\mathbb{N}  ensemble des entiers naturels  ,  \mathbb{Z} anneau des entiers relatifs  ,  \mathbb{Q} corps des nombres rationnels  ,  \mathbb{R} corps des nombres r els.

J’introduis les notations particuli res suivantes :

𝖲\mathsf{S}   classe des nombres  ,   𝖬\mathsf{M}  classe des noms  ,  𝖮\mathsf{O}  classe des ordinaux.

{\looparrowright  Ne t’ tonne pas : je d signe la classe des nombres par 𝖲\mathsf{S} car 𝖭\mathsf{N} pourrait pr ter   confusion et que, comme tu l’as lu sans doute, Knuth a appel  surr els les nombres de Conway.}

On a  tendu aux classes totalement ordonn es les notations telles 𝖷>x\mathsf{X}>x ou telles 𝖷<𝖸\mathsf{X}<\mathsf{Y}, de mani re naturelle. On  tend de m me les notions de cofinalit  et de co nitialit  aux classes totalement ordonn es, comme suit.

Parties cofinales et parties co nitiales

Soient 𝖷\mathsf{X}, 𝖸\mathsf{Y}, deux sous-classes d’une m me classe totalement ordonn e. On dit que 𝖸\mathsf{Y} est cofinale   𝖷\mathsf{X} lorsque, pour chaque x𝖷x\in\mathsf{X}, il existe un y𝖸y\in\mathsf{Y} tel que xyx\leqslant y. On dit que les deux sous-classes, 𝖷\mathsf{X} et 𝖸\mathsf{Y}, sont cofinales lorsque, chacune est cofinale   l’autre [pour chaque x𝖷x\in\mathsf{X}, il existe un y𝖸y\in\mathsf{Y} tel que xyx\leqslant y et, vice versa, pour chaque y𝖸y\in\mathsf{Y}, un x𝖷x\in\mathsf{X} tel que yxy\leqslant x]. On dit que 𝖷\mathsf{X} et 𝖸\mathsf{Y} sont co nitiales lorsqu’elles sont cofinales pour l’ordre total \geqslant inverse. Bien entendu, on dit que 𝖸\mathsf{Y} est co nitiale   𝖷\mathsf{X} lorsqu’elle lui est cofinale pour l’ordre inverse !

On verra ci-dessous comment les classes 𝖮\mathsf{O} et 𝖲\mathsf{S} sont cofinales !

On construit la classe 𝖲\mathsf{S} par r currence, une r currence transfinie.

2  En route pour la r currence

Ici, α\alpha d signe un ordinal, α𝖮\alpha\in\mathsf{O}, bien entendu.

À l’ tape α\alpha de la r currence, on prend pour SαS_{\alpha} l’ensemble des coupures dans l’ensemble totalement ordonn  Tα=β<αSβT_{\alpha}=\cup_{\beta<\alpha}S_{\beta}, r union des ensembles SβS_{\beta} construits aux  tapes pr c dentes, β<α\beta<\alpha. On obtient l’ensemble totalement ordonn  Tα+1=TαSαT_{\alpha+1}=T_{\alpha}\cup S_{\alpha} comme amalgame, par le proc d  d j  d crit dans le Prologue.

Explications et vocabulaire

Dans le Prologue, on a dit comment on ordonne SαS_{\alpha}, l’ensemble des coupures, de mani re naturelle, et comment on d finit l’ordre total sur TαSαT_{\alpha}\cup S_{\alpha} par amalgame ! Les nombres nouvellement cr  s   l’ tape α\alpha constituent l’ensemble SαS_{\alpha} : c’est la g n ration α\alpha. L’ensemble TαT_{\alpha} est la r union des g n rations pr c dentes, SβS_{\beta} pour β<α\beta<\alpha.

Pour un nombre aa de la g n ration α\alpha, on  crira g(a)=αg(a)=\alpha, l’indicatif de sa g n ration. De mani re imag e, pour deux nombres , aa et bb, on dira que aa est plus vieux que bb lorsque l’on a g(a)<g(b)g(a)<g(b), qu’ils ont le m me  ge si g(a)=g(b)g(a)=g(b).

Autrement dit, les nombres qui ont un m me  ge appartiennent   une m me g n ration SαS_{\alpha}, et les plus vieux constituent l’ensemble TαT_{\alpha}.

Pour amorcer la r currence, on part de l’ensemble vide, \emptyset, dont l’unique coupure est (|)(\emptyset|\emptyset) : c’est le premier des nombres, il est de g n ration 0, autrement dit, S0={(|)}S_{0}=\{(\emptyset|\emptyset)\}. Il y a deux coupures dans l’ensemble S0S_{0} :   savoir (|(|))(\emptyset|(\emptyset|\emptyset)) et ((|)|)((\emptyset|\emptyset)|\emptyset). Ce sont les deux seuls nombres de g n ration 1. Les trois premiers nombres sont ainsi plac s, d’apr s les d finitions, dans l’ordre total suivant :

(|(|))<(|)<((|)|).(\emptyset|(\emptyset|\emptyset))<(\emptyset|\emptyset)<((\emptyset|\emptyset)|\emptyset).

On voit bien que cela finira vite par devenir illisible, si l’on n’y prend garde ! Aussi, introduit-on des abus d’ criture : au lieu de (|)(\emptyset|\emptyset), on  crit simplement (|)(\ |\ ) et on pose 0=(|)0=(\ |\ ), autrement dit, on d signe le premier nombre par l’entier 0. De m me, au lieu de (|(|))(\emptyset|(\emptyset|\emptyset)) et de ((|)|)((\emptyset|\emptyset)|\emptyset), on  crit (| 0)(\ |\ 0) et (0|)(0\ |\ ) et l’on pose 1=(| 0) , 1=(0|)-1=(\ |\ 0)\ ,\ 1=(0\ |\ ). Les trois nombres des g n rations 0 et 1 sont donc

1<0<1.-1<0<1.

Ainsi de suite … Allons jusqu’  la g n ration 22, sans commentaires.

G n ration 2 :

2=(|1,0,1)<(1|0,1)<(1,0|1)<2=(1,0,1|).-2=(\ |-1,0,1)<(-1|0,1)<(-1,0|1)<2=(-1,0,1|\ ).

Voici l’ensemble des trois premi res g n rations, 0, 1, 2, et son ordre total strict (respectant toutes les d finitions) :

2<1<(|1,0,1)<0<(1|0,1)<1<2.-2<-1<(\ |-1,0,1)<0<(-1|0,1)<1<2.
2<1<1/2<0<1/2<1<2.-2<-1<-1/2<0<1/2<1<2.

C’est   dessein que l’on d signe ces sept premiers nombres ainsi, en les identifiant aux nombres entiers ou rationnels correspondants. Comme on le verra par la suite, plus bas, les ensembles classiques \mathbb{Z} et \mathbb{Q} s’identifient   leurs copies dans la classe 𝖲\mathsf{S} des nombres. On verra en particulier, apr s avoir d fini l’addition, que l’on a bien 1+1=21+1=2 et 1/2+1/2=11/2+1/2=1.

3  Nombres oppos s

On reprend les notations du paragraphe 2, en particulier, Tα=β<αSβT_{\alpha}=\cup_{\beta<\alpha}S_{\beta}.

L’oppos  d’un nombre xx est un nombre d sign  par x-x. On d finit cette notion par r currence. On suppose x-x d fini pour tout xTαx\in T_{\alpha}. Pour chaque partie XTαX\subset T_{\alpha}, on pose X={x:xX}-X=\{-x:x\in X\}. Enfin, lorsque x=(A|B)Sαx=(A|B)\in S_{\alpha} est un nombre, on prend x=(B|A)-x=(-B|-A), sachant que (B|A)(-B|-A) est une coupure dans TαT_{\alpha}. Bien entendu, on a 0=0-0=0 puisque 0=(|)0=(\ |\ ). Ainsi, l’oppos  de 1=(0|)1=(0|\ ) est 1=(|0)-1=(\ |0); de m me que l’oppos  de 2=(1,0,1|)2=(-1,0,1|\ ) est 2=(|1,0,1)-2=(\ |-1,0,1), conform ment aux notations adopt es ci-dessus. On voit assez clairement que, pour tout nombre xx, on a (x)=x-(-x)=x : tout nombre est l’oppos  de son oppos  !

Remarque

Chaque g n ration α\alpha est un ensemble de nombres. Parmi eux, il y en a un plus grand que tous les autres, (Tα|)(T_{\alpha}|\ ), de sorte que le nombre (Tα|)=(|Tα)-(T_{\alpha}|\ )=(\ |T_{\alpha}) est le plus petit de sa g n ration. On identifie le nombre (Tα|)(T_{\alpha}|\ ) au nombre ordinal α\alpha, de sorte que 𝖮\mathsf{O}, la classe des ordinaux, se pr sente comme une sous-classe de la classe 𝖲\mathsf{S} des nombres. Comme on l’a mentionn  plus haut, ces deux classes sont cofinales !

L’ensemble Tα+1T_{\alpha+1} des nombres de toutes les g n rations βα\beta\leqslant\alpha est ainsi une partie du segment [α,α][-\alpha,\alpha].

{\looparrowright  Ne pas confondre plus vieux qui est relatif aux g n rations, avec les expressions plus petit ou plus grand qui sont relatives   l’ordre !}

4  Noms et synonymes

Pour la commodi , j’introduis les notions de nom et de synonyme. On s’en servira, en particulier pour la d finition de l’addition, de la multiplication et autres op rations dans la classe 𝖲\mathsf{S} des nombres !

Voici d’abord un r sultat simple et utile.

Lemme

Entre deux nombres x<yx<y d’une m me g n ration α\alpha donn e, il y a toujours un nombre zz plus vieux, c’est   dire d’une g n ration ant rieure, β<α\beta<\alpha.

D monstration

Soient x=(A|B)<y=(C,D)x=(A|B)<y=(C,D) deux nombres d’une m me g n ration α\alpha. On a ACTαA\subset C\subset T_{\alpha} et ACA\neq C, par d finition. Il existe donc au moins un nombre zCATαz\in C\smallsetminus A\subset T_{\alpha} : ce zz est donc d’une g n ration β\beta pr c dant α\alpha, autrement dit, β<α\beta<\alpha, et zBz\in B de sorte que l’on a x<z<yx<z<y, d’apr s les d finitions !∎

On  tend ce r sultat aux cas des ensembles de nombres, X,YX,Y, parties de la classe totalement ordonn e 𝖲\mathsf{S}. On a d fini l’intervalle ]X,Y[]X,Y[ ayant pour extr mit s X,YX,Y, comme  tant la classe des nombres zz tels que l’on ait X<z<YX<z<Y. Bien entendu, cet intervalle peut, parfois,  tre vide.

Th or me du nombre m diateur

Soient X,YX,Y, deux ensembles de nombres tels que X<YX<Y. Il existe au moins un nombre zz pour lequel on a X<z<YX<z<Y et, parmi tous ces nombres, il en existe un, et un seul, plus vieux que les autres. On dira que c’est le nombre m diateur entre XX et YY.

D monstration d taill e

On se souvient que la classe 𝖮\mathsf{O} des nombres ordinaux est bien ordonn e et que g(z)g(z) d signe le num ro de la g n ration du nombre zz. Les g(z)g(z), pour zXYz\in X\cup Y, forment un ensemble GG de nombres ordinaux puisque XYX\cup Y est un ensemble, de sorte qu’il existe des ordinaux γ\gamma tels que γ>G\gamma>G et parmi ceux-l  un plus petit que tous les autres !

Soit α\alpha le plus petit ordinal tel que l’on ait g(z)<αg(z)<\alpha pour tout zXYz\in X\cup Y.

On a ainsi XTαetYTαX\subset T_{\alpha}\ \text{et}\ Y\subset T_{\alpha} et il existe un couple (parfois m me plusieurs) de parties A,BA,B, de TαT_{\alpha} tels que l’on ait

XA,YB,AB=,AB=Tα,X\subset A\ ,\ Y\subset B\ ,\ A\cap B=\emptyset\ ,\ A\cup B=T_{\alpha},

de sorte que z=(A|B)z=(A|B) est une coupure dans l’ensemble TαT_{\alpha}, autrement dit zz est un nombre de g n ration α\alpha et l’on a ainsi X<z<YX<z<Y, d’apr s les d finitions ! Parmi ces zz, il y en a un seul plus vieux que tous les autres, d’apr s le lemme ci-dessus car, s’il y en avait deux distincts ils seraient de la m me g n ration ! ∎

{\looparrowright  J’ai pr f r  l’appellation nombre m diateur   celle de nombre interm diaire ! On pourrait lui donner tout autre nom qui plairait davantage !}

Les noms

On dit qu’un couple donn , X,YX,Y, quelconque, d’ensembles de nombres est un nom lorsque que l’on a X<YX<Y. Pour le noter, on utilisera le symbole {X|Y}\{X|Y\}. La notion et la notation sont semblables   celles des coupures, mais diff rentes ! Insistons bien !

Pour chaque nom {X|Y}\{X|Y\}, il existe toujours au moins un nombre zz entre XX et YY, autrement dit tel que X<z<YX<z<Y et, parmi tous ces nombres, il en existe un, et un seul, plus vieux que tous les autres, le nombre m diateur : c’est le th or me du nombre m diateur.

On dira que {X|Y}\{X|Y\} est un des noms de ce nombre m diateur.

D’autre part, pour chaque nombre a=(A|B)a=(A|B), le nom {A|B}\{A|B\} est un nom de aa : on dira que c’est le nom intime du nombre aa lui-m me.

Un nombre peut avoir aussi plusieurs autres noms !

R sumons

Soit {X|Y}\{X|Y\} un nom : on a X<YX<Y par d finition. Le nombre z=(A|B)z=(A|B) a pour nom {X|Y}\{X|Y\} veut dire que zz est le nombre m diateur entre XX et YY. Pour cela, il faut et il suffit que les trois conditions suivantes soit satisfaites :

on a X<z<YX<z<Y,

pour chaque tAt\in A, il existe un xXx\in X au moins tel que xtx\geqslant t,

pour chaque tBt\in B, il existe un yYy\in Y au moins tel que yty\leqslant t.

On le v rifie simplement

[Il faut le refaire soi-m me !] Le nombre m diateur zz est le plus vieux parmi tous les nombres uu pour lesquels on a X<u<YX<u<Y. Autrement dit, pour chaque tABt\in A\cup B, on a ou bien non(X<tX<t) ou bien non(t<Yt<Y). Pour tAt\in A, on a d j t<z<Yt<z<Y, il faut donc, et il suffit, que l’on ait non(X<tX<t). De m me, pour tBt\in B, il faut, et il suffit que l’on ait non(t<Yt<Y). Il faut donc et il suffit que, pour tAt\in A on ait non(X<tX<t) et, pour tBt\in B on ait non(t<Yt<Y). Or, non(X<tX<t)  quivaut   (xX)(xt)(\exists x\in X)(x\geqslant t), et non(t<Yt<Y)  quivaut   (yY)(yt)(\exists y\in Y)(y\leqslant t). Fin de la v rification

Une condition n cessaire et suffisante

En utilisant les notions de cofinalit  et de co ntialit , on peut  noncer cette caract risation sous la forme suivante. Le nom {X|Y}\{X|Y\} d signe le nombre a=(A|B)a=(A|B) si et seulement si :

on a X<a<Y,Xest cofinal A,Yest co nitial B.\text{on a }X<a<Y\ ,\ X\ \text{est cofinal \ }\ A\ ,\ Y\ \text{est co\ nitial \ }\ B.

Un crit re suffisant

La condition suivante est suffisante pour qu’un nom {X|Y}\{X|Y\} soit celui du nombre a=(A|B)a=(A|B) :

XetAsont cofinaux,YetBsont co nitiaux.X\ \text{et}\ A\ \text{sont cofinaux}\ ,\ Y\ \text{et}\ B\ \text{sont co\ nitiaux}.

En effet, la condition (AA est cofinal   XX) entra ne (X<aX<a) et la condition (BB est co nitial   YY) entra ne (a<Ya<Y).

Les synonymes

On dira que deux noms, {A|B}\{A|B\} et {C|D}\{C|D\}, sont synonymes lorsqu’ils d signent, tous deux, le m me nombre aa et on  crira

{A|B}{C|D}a.\{A|B\}\sim\{C|D\}\sim a.

On identifie chaque nombre   son nom intime, de sorte que la classe des nombres, 𝖲\mathsf{S}, se pr sente comme une sous-classe de la classe 𝖬\mathsf{M} de tous les noms. La relation \sim est une relation d’ quivalence d finie sur la classe 𝖬\mathsf{M}. Cette relation d’ quivalence induit l’identit  sur la sous-classe 𝖲\mathsf{S} des nombres. Dans la classe des nombres, la synonymie n’est autre que l’identit  ! Deux nombres sont synonymes si et seulement s’ils sont  gaux !!!

Une condition suffisante pour la synonymie

Lorsque les deux parties, X,UX,U, sont cofinales et les deux parties, Y,VY,V, sont co nitiales, les deux noms {X|Y}\{X|Y\} et {U|V}\{U|V\} sont synonymes.

Cela d coule du crit re suffisant signal  plus haut.

Exemple

Soit {X|Y}\{X|Y\} un nom. On se donne uXu\in X et vYv\in Y et on pose

U={xX:xu},V={yY:yv}.U=\{x\in X:x\geqslant u\}\ ,\ V=\{y\in Y:y\leqslant v\}.

Alors {U|V}\{U|V\} est synonyme de {X|Y}\{X|Y\}.

Exercice

Soit {X|Y}\{X|Y\} un nom du nombre a=(A|B)a=(A|B). Retrouver les parties AA et BB   partir des parties XX et YY. Autrement dit, reconstituer le nom intime d’un nombre   partir de l’un quelconque de ses noms.

5  L’addition

{\looparrowright  On le sait, il est d’usage d’ tendre une op ration binaire \bot donn e sur un ensemble EE quelconque, de mani re naturelle, en une op ration sur les parties de cet ensemble, en posant :

Xa={xa:xX},XY={xy:xX,yY}.X\ \bot\ a=\{x\ \bot\ a:x\in X\}\ ,\ X\ \bot\ Y=\{x\ \bot\ y:x\in X,y\in Y\}.

C’est le cas, par exemple, pour les groupes, les anneaux ou les espaces vectoriels !}

On d finit une addition, a+ba+b, dans la classe 𝖲\mathsf{S} des nombres en associant,   chaque couple de nombres, (a,b),(a,b), un nombre cc et l’on  crit a+b=ca+b=c. La d finition se fait par r currence. Une r currence transfinie, laborieuse, quelle que soit la mani re dont on l’aborde. Elle n cessite de tr s nombreuses v rifications, fastidieuses, mais il vaut mieux les faire soi-m me, une fois au moins dans sa vie !

À l’ tape α\alpha de la r currence, l’addition est d j  d finie pour tous les nombres de TαT_{\alpha}. On poursuit alors en d finissant l’addition dans l’ensemble Tα+1=TαSαT_{\alpha+1}=T_{\alpha}\cup S_{\alpha}.

Voici le cœur de la construction.

Soient {A|X}\{A|X\} le nom intime de aa et {B|Y}\{B|Y\} celui de bb. On d finit la somme a+ba+b comme  tant le nombre dont {A+B|X+Y}\{A+B|X+Y\} est un nom. Autrement dit, a+b=(A|X)+(B|Y){A+B|X+Y}a+b=(A|X)+(B|Y)\sim\{A+B|X+Y\}.

Le d part de la r currence se fait avec la premi re g n ration, {0}\{0\}. On part de 0=(|)0=(\ |\ ) de sorte que 0+00+0 a pour nom {|}\{\ |\ \} lequel est un nom de 0, d’o  0+0=00+0=0 !

Explication

On veut que l’addition satisfasse la condition suivante :

(axetby)(a+bx+y)!(a\leqslant x\ \text{et}\ b\leqslant y)\implies(a+b\leqslant x+y)\ !

Cela  claire la d finition que l’on en donne : cette d finition est, pour ainsi dire, n cessaire et suffisante !

Cette d finition permet de voir, sans grand frais, que 0+a=a=a+00+a=a=a+0, pour tout nombre aa. On voit  galement que a+(a)a+(-a) a pour nom {AB|BA}\{A-B|B-A\} qui est un nom de 0 !

Plus g n ralement, quels que soient les noms choisis {X|U}\{X|U\} et {Y|V}\{Y|V\} pour aa et bb respectivement, aura :

a+b{X+b,Y+a|U+b,V+a}.a+b\sim\{X+b,Y+a|U+b,V+a\}.

On montre que cette addition est commutative, associative, qu’elle est compatible avec l’ordre total des nombres, 0 est un  l ment neutre et l’on a x+(x)=0x+(-x)=0. Autrement dit, munie de cette op ration, la classe des nombres poss de la structure d’un groupe totalement ordonn , commutatif.

Petit exemple : {1,0|1}+{1,0|1}={2,1,0|2}\{-1,0|1\}+\{-1,0|1\}=\{-2,-1,0|2\} qui est un nom du nombre (0|)=1(0|\ )=1. Cela justifie les notations utilis es ci-dessus, au paragraphe 2, pour d signer les nombres des trois premi res g n rations !

6  La multiplication

Par un proc d  semblable au pr c dent, on d finit une multiplication entre les nombres en associant,   chaque couple de nombres , (a,b),(a,b), un nombre cc et l’on  crit a.b=ca.b=c. On montre que cette op ration est commutative, associative, distributive par rapport   l’addition [autrement dit, x.(y+z)=x.y+x.zx.(y+z)=x.y+x.z], que tout nombre x0x\neq 0 poss de un inverse 1/x1/x [autrement dit, x.1/x=1x.1/x=1] et poss de la propri t  suivante :

0>0ety>0x.y>0,pour tousx,y.0>0\ \text{et}\ y>0\implies x.y>0,\ \text{pour tous}\ x,y.

En r sum , cela revient   dire que la classe des nombres munie de l’ordre total, de l’addition et de la mutiplication ainsi d finies v rifie les axiomes des corps ordonn s : la d finition est donn e, ci-dessus, dans le Prologue.

Pr paration

À certains nombres dans la classe 𝖲\mathsf{S}, on peut donner des noms particuliers, carat ristiques. Par exemple, soit a=(A|B)a=(A|B) un nombre strictement positif, a>0a>0, d’une g n ration α\alpha donn e. En prenant X=A]0,a[X=A\cap\ ]0,a[, on a B>a>X>0B>a>X>0XX et AA sont cofinaux [comme on peut le v rifier], de sorte que {X|B}\{X|B\} est encore un nom de aa. Tout nombre strictement positif a>0a>0 poss de ainsi des noms {X|Y}\{X|Y\} pour lesquels on a Y>a>X>0Y>a>X>0. Ce sont des noms caract ristiques des nombres strictement positifs. Cum grano salis, on pourra les appeler des dextronomes.

Esquisse du proc d 

Cette fois, j’omets beaucoup de d tails et les v rifications longues et fastidieuses, pourtant sans grand d tour. Il vaut mieux que l’on entre soi-m me dans ces d tails pour les d m ler et faire les v rifications n cessaires. Voici quelques indications.

On commence par d finir 0.x=x.0=00.x=x.0=0, pour tout nombre xx. Puis on d finit le produit pour les nombres strictement positifs, par r currence. On compl te enfin la d finition en prenant x.(y)=x.yx.(-y)=-x.y. On suppose le produit x.yx.y d j  d fini pour tous x>0x>0 et y>0y>0 pris dans TαT_{\alpha}, avec les propri t s voulues. Pour toutes parties XX et YY de TαT_{\alpha} telles que X>0X>0 et Y>0Y>0, on pose :

X.Y={x.y:xX,yY}.X.Y=\{x.y:x\in X,y\in Y\}.

C’est un ensemble de nombres strictement positifs. On utilise des dextronomes {X|U}\{X|U\ \} de aa et {Y|V}\{Y|V\} de bb. On d finit le produit a.ba.b comme  tant le nombre qui a pour nom {X.Y|U.V}\{X.Y|U.V\}. Autrement dit,

a.b{X.Y|U.V}.a.b\sim\{X.Y|U.V\}.

On v rifie que ce produit d pend seulement de aa et de bb, pas du choix de leurs dextronomes.

Comme on peut le v rifier  galement, l’inverse 1/a1/a de a>0a>0, poss de un nom {E|F}\{E|F\}E={z>0:z.A<1}E=\{z>0:z.A<1\} et F={z>0:z.B>1}F=\{z>0:z.B>1\}.

Ainsi de suite … J’omets le reste. Fin de l’esquisse.

7  G n alogie

Tu trouve, ci-dessous, une copie de la page 11 du livre de Conway, On numbers and games (la r f rence se trouve plus bas,   la fin de ma lettre). C’est un dessin qui repr sente le haut de l’arbre g n alogique des nombres selon Conway.

[Uncaptioned image]

On y voit, en particulier, comment un nombre donn  quelconque, d’une g n ration α\alpha poss de deux successeurs dans la g n ration α+1\alpha+1 suivante : l’un   droite et l’autre   gauche. Par exemple, les deux successeurs du nombre 0 sont +1+1 et 1-1. De m me, ceux de 33 sont 44 et 52\frac{5}{2}, lequel est ici d sign  2122\frac{1}{2}   l’anglo-saxonne !

{\looparrowright  Pour Conway chaque nombre poss de un birthday, le jour o  il est n . Conway utilise ainsi l’expression xx was born on day α\alpha l  ou je dis xx est de la g n ration α\alpha.}

Voici quelques explications suppl mentaires.

Soit x=(A|B)x=(A|B) un nombre d’une g n ration donn e γ>0\gamma>0. Pour chaque ordinal α<γ\alpha<\gamma, posons Aα=TαAA_{\alpha}=T_{\alpha}\cap A et Bα=TαBB_{\alpha}=T_{\alpha}\cap B. Ainsi xα=(Aα|Bα)x_{\alpha}=(A_{\alpha}|B_{\alpha}) est une coupure dans TαT_{\alpha} : c’est un nombre de la g n ration α\alpha. Cela est clair. Pour α=0\alpha=0, on a x0=0x_{0}=0, bien entendu.

On obtient la suite sγ(x)=(xα)0α<γs_{\gamma}(x)=(x_{\alpha})_{0\leqslant\alpha<\gamma} de nombres, index e par les ordinaux α<γ\alpha<\gamma. Il est commode de dire que, pour un β\beta donn , xβx_{\beta} est l’ascendant de xx dans la g n ration β\beta, et que xx est l’un des descendants de xβx_{\beta} dans la g n ration α\alpha.

Il convient d’appeler la suite sγ(x)s_{\gamma}(x) l’ascendance de xx ou encore la liste des ascendants de xx. Il est clair que l’ascendance de xαx_{\alpha} n’est autre que la suite (xβ)β<α(x_{\beta})_{\beta<\alpha}. Le descendant xα+1x_{\alpha+1} de xαx_{\alpha} est, pour ainsi dire, engendr  par xαx_{\alpha}.

La relation p re||enfant

Soient x=(A|B)x=(A|B) et y=(C|D)y=(C|D) deux nombres des g n rations α\alpha et α+1\alpha+1, respectivement. Si xx est un ascendant de yy, on peut dire, de mani re imag e, que xx est le p re de yy, ou sa m re, si l’on y tient ! De m me, lorsque yy est un descendant de xx, on dira que yy est l’un des enfants de xx. Pr cisons davantage la relation p re||enfant.

Ne l’oublions pas, x=(A|B)x=(A|B) est une coupure dans TαT_{\alpha} et xx appartient ainsi   SαS_{\alpha}. D’autre part, y=(C|D)y=(C|D) est une coupure dans l’ensemble Tα+1=TαSαT_{\alpha+1}=T_{\alpha}\cup S_{\alpha}. Or, yy est un enfant de xx si et seulement si la coupure (A|B)(A|B) est la trace de la coupure (C|D)(C|D) sur TαT_{\alpha}, par d finiton ! S’il en est ainsi, puisque xx appartient   SαTα+1S_{\alpha}\subset T_{\alpha+1}, il n’y a que deux possibilit  : on bien xx est le plus grand  l ment de l’ensemble CC et on aura x<yx<y; ou bien il est le plus petit  l ment de l’ensemble DD et on aura y<xy<x.

Ainsi, un nombre xx quelconque engendre toujours deux enfants, et seulement deux, disons xx_{-} et x+x_{+}, et l’on a x<x<x+x_{-}<x<x_{+}. Pour x=0x=0, ces deux enfants sont 1-1 et +1+1.

Dans cet arbre, on appelle lign e toute une suite de nombres xαx_{\alpha} index s par les ordinaux α0\alpha\geqslant 0, o  xα+1x_{\alpha+1} est l’un des deux descendants directs de xαx_{\alpha}.

Par exemple, sur le c t  droit de l’arbre, figure la lign e des nombres ordinaux, 0,1,,ω,ω+1,,ω.2,0,1,\dots,\omega,\omega+1,\dots,\omega.2,\dots.

Soient 𝖠\mathsf{A} et 𝖡\mathsf{B} deux sous-classes de la classe 𝖲\mathsf{S}  des nombres telles que l’on ait 𝖠<𝖡\mathsf{A}<\mathsf{B}  et 𝖲=𝖠𝖡\mathsf{S}=\mathsf{A}\cup\mathsf{B}. C’est une coupure dans la classe 𝖲\mathsf{S}, une coupure  norme, une sorte de faille ! Cette faille d limite une sorte de lign e transfinie (xα)α𝖮(x_{\alpha})_{\alpha\in\mathsf{O}}xα=(Aα|Bα),Aα=Tα𝖠x_{\alpha}=(A_{\alpha}|B_{\alpha})\ ,\ A_{\alpha}=T_{\alpha}\cap\mathsf{A} et Bα=Tα𝖡B_{\alpha}=T_{\alpha}\cap\mathsf{B}.

Exercice

Chercher la faille qui d limite la lign e des ordinaux !!!

8  Les g n rations finies

Ce sont les premi res g n rations, S0,S1,S2,,Sn,S_{0},S_{1},S_{2},\dots,S_{n},\dots, ind x es par les entiers naturels, autrement dit, les ordinaux finis 0,1,2,,n,0,1,2,\dots,n,\dots. La g n ration SnS_{n} est une partie de l’intervalle [n,n][-n,n]. On a |Sn|=2n|S_{n}|=2^{n}. Autrement dit, il y a 1,2,4,,2n,1,2,4,\dots,2^{n},\dots nombres, respectivement, dans les g n rations S0,S1,S2,,Sn,S_{0},S_{1},S_{2},\dots,S_{n},\cdots. Leur r union est Tω=nSnT_{\omega}=\cup_{n\in\mathbb{N}}S_{n}. On a Tω\mathbb{Z}\subset T_{\omega}. Plus pr cis ment, TωT_{\omega} est l’anneau des nombres dyadiques :

Tω={k2h:k,h}=𝔻.T_{\omega}=\left\{\frac{k}{2^{h}}:k\in\mathbb{Z},h\in\mathbb{N}\right\}=\mathbb{D}.

Cela se v rifie simplement, sans d tour, sachant que \mathbb{Z} est une partie de TωT_{\omega}. Si aTωa\in T_{\omega}, sa moiti  a/2a/2 appartient aussi   TωT_{\omega}.

Les nombres r els

Pour les besoins de la cause, on distingue parmi les nombres dyadiques, l’ensemble suivant :

𝐃={1/2n:n}.\mathbf{D}=\{1/2^{n}:n\in\mathbb{N}\}.

On dit que aa est un nombre r el lorsqu’il existe un entier naturel nn tel que nan-n\leqslant a\leqslant n et que le nom suivant est celui de aa :

{a𝐃|a+𝐃}a.\{a-\mathbf{D}|a+\mathbf{D}\}\sim a.

On montre que l’ensemble des nombres r els ainsi d fini est une copie dans 𝖲\mathsf{S} du corps \mathbb{R} des nombres r els, classique !

9  Forme normale

Tout nombre peut  tre repr sent  sous la forme d’une s rie transfinie, sa forme normale. Cela rend ces nombres plus intelligibles. Pour cela, on introduit les notions suivantes.

Les ordres de grandeur

Comme dans tout corps ordonn , on d finit la valeur absolue |a||a| de aa comme suit :

|a|=asia0,|a|=asia0.|a|=a\ \text{si}\ a\geqslant 0\ ,\ |a|=-a\ \text{si}\ a\leqslant 0.

Pour les questions de comparaison des nombres, on s’en tient aux valeurs absolues. On peut ainsi se limiter   la classe 𝖲+={a:a0}\mathsf{S}_{+}=\{a:a\geqslant 0\} des nombres positifs.

Soient a,ba,b, deux nombres dans 𝖲+\mathsf{S}_{+}. On dit que aa et bb sont commensurables lorsqu’il existe un entier nn tel que anba\leqslant nb et un entier mm tel que bmab\leqslant ma. C’est une relation d’ quivalence. Les classes d’ quivalence correspondantes sont appel es les ordres de grandeur du corps ordonn . On dit que aa et bb sont de m me ordre de grandeur lorsqu’ils sont commensurables. On  crit a<<ba<<b lorsque, pour tout nn\in\mathbb{N}, on a na<bna<b, et on dit que bb est d’un ordre de grandeur sup rieur   celui de aa. Ainsi, entre deux nombres aa et bb, une et une seule des relations suivantes tient : ou bien a<<ba<<b ou bien b<<ab<<a ou bien aa et bb sont commensurables.

Les ordres de grandeur sont des intervalles, dans le sens suivant : si a<ba<b sont commensurables, tout l’intervalle [a,b][a,b] est contenu dans le m me ordre de grandeur que aa et bb !

Exponentielle

On associe,   chaque nombre aa, un nombre ωa\omega^{a}, son exponentielle. Cela se fait par r currence. Comme d’habitude, pour chaque ensemble XX de nombres, on pose

ωX={ωx:xX}.\omega^{X}=\{\omega^{x}:x\in X\}.

Pour un nombre a=(X|Y)a=(X|Y) de g n ration α\alpha, on pose

E={0}.ωX,F=𝐃.ωY.E=\{0\}\cup\mathbb{N}.\omega^{X}\ ,\ F=\mathbf{D}.\omega^{Y}.

On prend pour ωa\omega^{a} le nombre qui a pour nom {E|F}\{E|F\} :

ωa{E|F}.\omega^{a}\sim\{E|F\}.

On montre que l’on a

ωa>0\omega^{a}>0

ω0=1\omega^{0}=1

ωa+b=ωa.ωb\omega^{a+b}=\omega^{a}.\omega^{b}

ωa=1/ωa\omega^{-a}=1/\omega^{a}

a<bωa<<ωba<b\iff\omega^{a}<<\omega^{b}

Pour tout ordinal α𝖮\alpha\in\mathsf{O}, l’exponentielle ωα\omega^{\alpha} co ncide avec le nombre

ordinal ωα\omega^{\alpha} .

On  tablit aussi les deux r sultats suivants. J’omets les d monstrations.

Lemme

Pour chaque nombre x>0x>0, il existe un seul nombre yy tel que xx soit commensurable   ωy\omega^{y}. De plus, ωy\omega^{y} est plus vieux ou aussi  g  que xx.

Plus pr cis ment, le nombre ωy\omega^{y} est le plus vieux parmi tous les nombres qui ont le m me ordre de grandeur que xx.

Th or me

Tout nombre aa poss de une repr sentation sous la forme d’une somme formelle

a=α<βωyα.rα,a=\sum_{\alpha<\beta}\omega^{y_{\alpha}}.r_{\alpha},

β\beta est un ordinal, (yα)α<β(y_{\alpha})_{\alpha<\beta} une suite strictement d croissante de nombres, et (rα)α<β(r_{\alpha})_{\alpha<\beta} une suite de nombres r els non nuls.

Cette repr sentation, appel e forme normale, est unique. Lorsque le nombre aa est un ordinal, cette repr sentation co ncide avec la forme normale de Cantor pour les ordinaux !

On pourrait fonder toute la th orie des nombres de Conway sur cette repr sentation. Ce ne serait pas la mani re la moins attrayante.

Les trois ordres de grandeur les plus familiers aux analystes sont

ω1<<ω0=1<<ω.\omega^{-1}<<\omega^{0}=1<<\omega.
0<ω1<1/n1n<ω,pour toutn.0<\omega^{-1}<1/n\leqslant 1\leqslant n<\omega,\ \text{pour tout}\ n\in\mathbb{N}^{*}.

En effet, ω0=1\omega^{0}=1 est l’ordre de grandeur des nombres r els. Tandis que le nombre ω1\omega^{-1} est un infiniment petit du premier ordre et ω\omega est le premier entier infiniment grand. C’est un peu le langage que l’on utilise en analyse nonstandard de Robinson, c’est   dire la th orie r nov e des infinit smaux.

L’un des points culminants de la th orie des nombres de Conway est le r sultat d j  signal  ci-dessus selon lequel la classe 𝖲\mathsf{S} des nombres, [une classe propre, qui n’est pas un ensemble] poss de les propri t s d’un corps ordonn  r ellement clos lequel renferme une copie de chacun des corps ordonn s qui sont des ensembles.

Plut t que d’aller voir la d monstration dans l’un des nombreux textes o  elle figure, on peut s’essayer   la faire soi-m me ! R ussir serait la meilleure preuve que l’on a bien compris !!!

Epilogue

Pour en savoir davantage, on peut se reporter aux deux ouvrages suivants faciles   trouver.

Norman L. ALLING, Foundations of analysis over surreal number fields, Mathematics Studies 141, xvi + 373 pp., North Holland, 1987.

J. H. CONWAY, On numbers and games, ix + 230 pp., Academic Press Inc. 1976, reprinted 1979.

La notion introduite par Conway, ses nombres, a reçu un tr s bon accueil, un peu dithyrambique, parfois. Cependant, depuis longtemps on sait que tout ce qui est excessif est insignifiant, comme le disait Talleyrand.

À l’ poque, Conway  tait d j  bien connu, et appr ci . C’est Donald Knuth qui a donn  le nom de nombres surr els pour d signer les nombres de Conway. Il a  crit une petite fable, une romance math matique, racontant l’histoire de deux jeunes gens, Alice et Bill, qui d couvrent la pierre grav e [une sorte de pierre de Rosette] qui m ne   la cr ation de ces nombres. Cette histoire est bien connue.

Conway introduisait ses nombres avec un minimum d’axiomes et de d finitions que les contemporains avaient beaucoup appr ci s. Pour l’illustrer, on trouvera dans les Annexes ci-dessous, trois pages de son livre qui semblent tout r sumer. La plupart de ses ex g tes lui ont emboit  le pas et de nombreux auteurs, pour introduire les nombres de Conway, se servent encore de cette mani re cursive et pas tr s ais e, presque sibylline !

Mais l’histoire ne s’arr te pas l . On apprend, dans le livre de Alling, que Conway a un pr curseur, Norberto Cuesta (1907-1989). En effet, dans un article de 1954, ce dernier, grand admirateur de Sierpinski, construisait d j  les nombres de Conway, avant la lettre, dans l’article suivant :

N. CUESTA, Algebra ordinal, Revista de la Real Academia De Ciencias Exactas, Fisicas Y Naturales, 58 no2 (1954) 103-145.

C’est Charles Helou, ami et coll gue qui a fini par d nicher ce texte pr cieux, tr s difficile   retrouver, avec l’aide de la biblioth que centrale de Penn State University. Je lui en suis infiniment reconnaissant. Ce texte est  crit en espagnol, en Espagne, du temps de Franco ! J’en ai fait la traduction en français, avec l’aide de mon  pouse Claude.

Nous voil  devant un m me objet math matique, observ  sous deux angles compl mentaires,   une trentaine d’ann es de distance ! On dirait que l’un porte son regard de bas en haut pour observer l’ difice, et l’autre veut l’observer de haut en bas, en renversant la perspective !

De mani re cursive, je dirai que l’approche de Conway est synth tique, celle de Cuesta analytique !

Qu’a bien pu dire Conway en apprenant cette co ncidence ! Qu’a bien pu dire Cuesta Dutari lui-m me ! On aimerait bien le savoir. Mais on ne le saura probablement jamais ! Il y a peut- tre eu des propos  chang s ou not s, quelque part, on ne sait o . Pourvu que la poussi re des si cles ne les recouvrent pas !

Par un curieux hasard, ou une  trange co ncidence, je viens de faire la connaissance,   travers la toile, d’un coll gue math maticien, Ricardo P rez-Marco, qui a pu serrer la main de Cuesta dans les rues de Salamanque, quand il  tait jeune. Je trouve cela  mouvant !

Cher Ami,

Je sais d j  que tu ne liras pas cette lettre de bout en bout; je devine que non ! Il n’emp che, j’y ai mis l’essentiel de ce qu’il faut savoir pour comprendre ce que sont les nombres surr els de Conway, et c’est long !

Je te rappelle le c l bre adage de Erd s : «Tout le monde  crit, personne ne lit !»

Pourtant, si long soit-il, comme l’Iliade ou l’Odyss e, je crois que l’on peut lire un beau po me jusqu’au bout, et m me plusieurs fois de suite ! Mais qui a jamais vraiment d j   t  jusqu’au bout d’un texte math matique … C’est tr s rare ! Il y faut une attention soutenue, une grande patience et une envie irr pressible, irr sistible ! Jamais, pour ainsi dire …

Je t’ai aussi pr par  une liste de lectures, si jamais tu en as l’envie.

Pour en savoir plus

Voici d’abord deux livres importants sur le sujet :

John Horton Conway, On numbers and games, Academic Press, (1976), reprinted with corrections 1977, reprinted 1979, ix + 238 pp.

Norman L. Alling, Foundations of analysis over surreal number fields, North-Holland Mathematics Studies, (1987) 141, xvi + 373 pp.

Puis une liste plus fournie.

[ 1 ] Norman L. ALLING, Conway’s field of surreal numbers,Trans.A.M.S., 287 no1 (1985) 365-386.

[ 2 ] Norman L. ALLING, Foundations of analysis over surreal number fields, Mathematics Studies 141, xvi + 373 pp., North Holland, 1987.

[ 3 ] Elwyn R. BERELKAMP, John H. CONWAY, Richard K. GUY, Winning ways for your mathematical plays, vol. 1, Second edition, xix, p. 1-276, A K Peters, Wellesley, Massachusetts, 2001.

[ 4 ] Elwyn R. BERELKAMP, John H. CONWAY, Richard K. GUY, Winning ways for your mathematical plays, vol. 2, Second edition, xviii, p. 277-473, A K Peters, Wellesley, Massachusetts, 2003.

[ 5 ] Elwyn R. BERELKAMP, John H. CONWAY, Richard K. GUY, Winning ways for your mathematical plays, vol. 3, Second edition, xxi, p. 461-801, A K Peters, Wellesley, Massachusetts, 2003.

[ 6 ] Elwyn R. BERELKAMP, John H. CONWAY, Richard K. GUY, Winning ways for your mathematical plays, vol. 4, Second edition, xvi, p. 801-1004, A K Peters, Wellesley, Massachusetts, 2004.

[ 7 ] J. H. CONWAY, On numbers and games, ix + 230 pp., Academic Press Inc. 1976, reprinted 1979.

[ 8 ] J. H. CONWAY, All games bright and beautiful, Amer. Math. Monthly, 84, no6 (1977) 417-434.

[ 9 ] Philip EHRLICH, The absolute arithmetic continuum and the unification of all numbers great and small, The Bulletin of Symbolic Logic, 18 no1 (2012) 1-45.

[ 10 ] Harry GONSHOR, An introduction to the theory of surreal numbers, London Mathematical Society Note Series 110, 192 pp., Cambridge University Press, digitally printed version 2008.

[ 11 ] D.E. KNUTH, Les nombres surr els, ou comment deux anciens  tudiants d couvrirent les math matiques pures et v curent heureux. Une romance math matique de D. E. Knuth, Traduction : Daniel E. Loeb et H l ne Loeb, Original 1974 - Addison Wesley Publishing Company, Traduction March 2, 1997- Loeb, 77 pp.

[ 12 ] Jos  M. PACHECO, The Spanish mathematician Norberto Cuesta recovered from oblivion, Preprint, 11 December 2014.

[ 13 ] Jos  M. PACHECO, The life and mathematics of Norberto Cuesta (1907-1989) 14 October 2016.

[ 14 ] Simon RUBINSTEIN-SALZEDO, Ashvin SWAMINATHAN, Analysis on surreal numbers, arXiv:1307.7392v3, 19 May 2015.

[ 15 ] Dierk SCHLEICHER, Michael STOLL, An introduction te Conway’s games and numbers, arXiv:0410026v2, 30 Sep 2005.

[ 16 ] Claus TØNDERING, Surreal numbers - An introduction, Version 1.7, 31 January 2019.

[ 17 ] Nombre surr el, WikipediA, 16 avril 2020   11​:40.

https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title

=Nombre surr el&oldid=169620524.

[ 18 ] Surreal number, WikipediA, 22 April 2020, , at 08​:43 (UTC).

https://en.wikipedia.org/w/index.php?title

=Surreal number&oldid=952449475

[ 19 ] BookReview in Bull. A. M. S., 84 no6 (1978) 1328-1336,Aviezri S. FRAENKEL, on Conway and Knuth.

[ 20 ] MR886475, Márki/Alling.

[ 21 ] MR101844, on Cuesta Dutari.

[ 22 ] MR103838,103839, on Cuesta Dutari.

[ 23 ] zbMATH 0086.04301, on Cuesta Dutari.

[ 24 ] zbMATH 0621.12001, on Alling.

[ 25 ] Sur un article de 1954 sign  N. Cuesta : une traduction,

arXiv:2101.05805v1, 15 Jan 2021.

Une derni re digression

De nos jours, m me si cela n’est pas tr s fr quent, il n’est pas rare de voir  clore une m me id e math matique, en plusieurs pays diff rents, quasi simultan ment. Le plagiat, tr s vilaine chose, une fois exclus, je pense que cela s’explique simplement de la mani re suivante, avec la transmission orale ! Plusieurs personnes assistent, en m me temps, en un m me lieu,   un expos  remarquable. Ils sont impressionn s et, une fois rentr s chez eux, ils leur vient la m me id e ou presque ! Il n’en faut pas davantage. Ce ph nom ne, en synchronie, existe aussi dans la diachronie, avec la transmission  crite, bien entendu, plus rarement sans doute !

Enfin, et pour terminer, je te signale que notre coll gue, et ami, de Lyon, Jean-Claude Carrega que je dois remercier bien vivement ici, ayant lu le brouillon de cette lettre m’a donn  un conseil avis  et m’a encourag    la faire publier.

Bien   toi.

Labib

Annexes

Dans ces Annexes, deux items.

Les pages 4   6 du livre de Conway.

La reproduction de la couverture du num ro de la Revista qui contient l’article de Cuesta.

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